Revue du Lyonnais » série 1 - n°13 ( 1841 ) » pp.238

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ils sont l'accomplissement imparfait : puis il les reforme , ces
o b j e t s , suivant leur loi qu'il a conquise, suivant le plan
qu'il a dérobé aux secrets du créateur. Il les refait plus com-
plets et plus beaux; il anéantit les accidenls qui les ont
arrêtés dans leur croissance, il les crée de nouveau selon la
parole éternelle qu'il a entendue dans les cieux. Rival de la
nature, qui elle-même n'est qu'un artiste, il cherche comme elle,
à traduire la pensée divine. Souvent il y réussit mieux que son
concurrent : et l'œuvre du poète est plus vraie que l'œuvre
de la nature. Alors la poésie existe, car alors elle a réalisé
l'idéal. Alors aussi se manifestent les phénomènes dont j'ai
parlé. Quels élans de bonheur et d'amour n'excite pas dans le
poète cette conception qu'il sent en lui! Toutes les hardiesses
de l'expression, toutes les richesses de sa langue suffisent à
peine pour rendre son enthousiasme. Telle e s t , MM., la
véritable poésie, c'est l'ame en contact avec le beau.
    C'est à ce spectacle, c'est à l'étude de cette admirable
faculté h u m a i n e , dans l'ame si mobile, si impressionable des
Italiens, que j'ose vous convier; sûr que le sujet est assez
intéressant pour compenser l'insuffisance du professeur. Je
n'ignore pas les obligations que m'impose votre réunion :
lorque tant d'hommes distingués à divers titres consentent à
quitter leurs travaux, leurs affaires, leurs studieux loisirs,
pour venir dans cette enceinte vivre et penser e n s e m b l e ,
lorsqu'ils font à un homme trop jeune encore, l'insigne
honneur de le constituer pour un instant l'interprète de leurs
idées communes, le centre de celte vie d'intelligence, le fil
conducteur de cette pensée qui circule dans une assemblée,
il doit reconnaître une si haute faveur, en lâchant d'occuper
leur attention de quelque objet qui n'en soit pas indigne.
Quand on parle aux hommes assemblés, il faut parler de ce
qui intéresse l'homme. Mais de quel plus digne sujet pourrait-
il les entrelenir que de ce noble privilège de notre n a t u r e ,
par lequel l'homme devient créateur, par lequel il atteint
et réalise le dessein même de Dieu ?