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vous raconter son siècle et à chercher dans ses écrils les
traces des événements qu'on récite. Quelques uns en sont
venus à apprécier le mérite' d'un poète en raison directe de
son importance comme monument historique?
Hâtons-nous de le dire, relativement à l'enseignement lit-
téraire, celle innovation renfermée en de justes limites et
maniée par des hommes de talent a produit de beaux résultats.
Mais cependant ne pourrait-on pas demander s'il ne reste
plus rien à faire ; si, parce qu'on a fait très b i e n , il faut faire
m a l , en répétant toujours, ce qui a été bien fait une fois.
En un mot n'y a-t-il pas d'autre système à suivre dans l'étude
des grands poètes que le système exclusivement historique?
Il en est un autre que j'appellerai tout de suite par son nom :
c'est le système psychologique. Le précédent cherchait un
siècle dans un p o è t e , celui-ci y cherchera la nature humaine :
le premier s'attachait à l'élément mobile et variable, aux cou-
tumes , aux mœurs , aux événements , le second s'appliquera
à l'élément immuable et pourtant multiple dans ses formes,
aux facultés de l'esprit, aux passions du cœur. Celui-là étu-
diait une époque, celui-ci étudiera l'homme.
Et r e m a r q u e z , MM., quelle admirable malière les grands
poètes offrent à notre investigation. La psychologie ordinaire
prend pour objet d'observation le sujet même qui observe.
Celte malière peut suffire pour les facultés communes et
développées à un degré ordinaire : chacun trouve en soi
les germes de l'homme. Mais qui de nous peut se flaller
de les avoir développés tous , d'avoir donné môme à quel-
ques-uns toute la croissance que leur destinait la nature?
Qui de nous est l'homme tout entier, l'homme ce sujet si
merveilleusement ondoyant et divers, l'homme avec tous ses
flux et reflux de passions, ses espérances et ses terreurs , ses
haines et ses a m o u r s , ses douleurs et ses joies, ses grandeurs
et ses misères., l'homme soumis à toutes les épreuves de la
v i e , traité par tous les réactifs de la fortune? N o n , MM., nul
ne renferme dans son étroite poitrine toute la vie de ce colosse