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 A travers l'infini nos âmes se répondent,
 Franchissent pour se voir d'immenses régions,
 Et dans de saints baisers s'unissent, se confondent
        Comme deux limpides rayons.


Elles passent des jours à converser ensemble ;
Bien ne peut séparer ces deux fidèles sœurs ;
Mais à rien d'ici-bas leur amour ne ressemble :
        Il a d'ineffables douceurs.


C'est un mystérieux et ravissant échange
De regrets, de soupirs, de pleurs délicieux ;
C'est comme un doux hymen de là vierge avec l'ange,
        Et de la vie avec les cieux.


Je lui redis mes maux, mes doutes, mes alarmes :
Elle, l'espoir lointain à son cœur révélé ;
Et jamais de ses bras, sans y laisser mes larmes,
         Jamais je ne m'en suis allé.


Car sa voix, pour charmer sa douleur qui m'accable,
A des accents qu'ailleurs on ne saurait trouver :
Elle a je ne sais quelle harmonie ineffable
        Qui fait souvenir et rêver.


C'est le son affaibli d'un luth mélancolique
Qu'apporterait le vent d'un rivage lointain ;
Mais cette aérienne et suave musique
        N'a rien de vague et d'incertain.