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179 A travers l'infini nos âmes se répondent, Franchissent pour se voir d'immenses régions, Et dans de saints baisers s'unissent, se confondent Comme deux limpides rayons. Elles passent des jours à converser ensemble ; Bien ne peut séparer ces deux fidèles sœurs ; Mais à rien d'ici-bas leur amour ne ressemble : Il a d'ineffables douceurs. C'est un mystérieux et ravissant échange De regrets, de soupirs, de pleurs délicieux ; C'est comme un doux hymen de là vierge avec l'ange, Et de la vie avec les cieux. Je lui redis mes maux, mes doutes, mes alarmes : Elle, l'espoir lointain à son cœur révélé ; Et jamais de ses bras, sans y laisser mes larmes, Jamais je ne m'en suis allé. Car sa voix, pour charmer sa douleur qui m'accable, A des accents qu'ailleurs on ne saurait trouver : Elle a je ne sais quelle harmonie ineffable Qui fait souvenir et rêver. C'est le son affaibli d'un luth mélancolique Qu'apporterait le vent d'un rivage lointain ; Mais cette aérienne et suave musique N'a rien de vague et d'incertain.