Revue du Lyonnais » série 1 - n°13 ( 1841 ) » pp.104

         SCÈNE       m.               < inq jours éternellement longs ?
                                      — 0 Charles ! hâte-toi ! ou je
           SABINE seule.              suis perdue pour toi ! (elle con-
    (Elle parcourt la lettre ra-      temple tristement le portrait).
pidement).       " Nouvelle comé-
die. » —Que m'importe?— «Les                   SCÈNE IV.
queues de robe ne sont plus por-
tées. » — Qui tient à le savoir ?         MmeSTAAK, SABINE.
 « Les chapeaux de paille d'Ita-      MADAME STAAR      à     Sabine   qui
lie... » —Qui le lui demande?...            regarde le portrait.
Comment ? déjà la fin! et pas un         Chère Sabine, les gâteaux sont
mot de lui ! Il est vrai que je lui   déjà tirés du four ; oh ! quels
ai défendu de în'écrire ; cela no     gâteaux ! Certes , ils te font hon-
convient pas. Mais il a juré do       neur ! Maintenant nous allons
m'écrire par l'intermédiaire de       les parer de fleurs et de branches
ma cousine, et ma cousine me l'a      de myrtes... tu sais bien pour-
promis aussi. — Pourquoi n'ont-       quoi. Demain c'est fête! une fête
ils pas tenu leur parole? suis-je     magnifique I... Ma foi ! tu restes
déjà oubliée ?... 11 voulait venir    là comme un canari malade? ne
lui-même avec des lettres de re-      m'entends-tu pas ?.... qu'as-tu
commandation du ministre ? et         donc là ?
voilà qu'il ne vient pas... et il
n'écrit point. Il sait pourtant que   SABINE surprise veut cacher le
je vais épouser Sperling. Mon                   portrait.
 père me tourmente ; ma grand-          Rien, chère grand-mère
 mère me tourmente, et ne voilà-
                                              MADAME STAAE.
t-il pas que lui aussi se joint à
 eux ! (Elle froisse la lettre en-      Et, ma foi ! cela ressemblait à
 tre ses doigts). C'est justice !     un étui de lunettes ? Donne ,
 On m'aassez prévenue contre les      donne , je veux voir ça.
jeunes gens de la Capitule. Us
 se passionnent (rois ibis en un      SADINE en donnant le portrait.
jour, et lorsque, le soir, ils vont     C'est un portrait.
 au speclaclc, ils ne s'en souvien-            MADAME STAAE.
 nent déjà plus. Mais Charles !
 Charles ! es-tu donc aussi un de        Un portrait.' les traits d'un
 ces hommes de tous les jours ?       homme !... que Dieu me soit en
 n'es-tu qu'un diseur de belles pa-   aide !... Mon enfant, je ne veux
  roles ? (elle prend un portrait)    pas croire....
  Des traits si nobles peuvent-ils                  SABINE.
  tromper?... Avec ce même re-           Quoi donc ?
  gard il m'a juré de venir au bout
  do quelques «rmoines et d'obte-              MADAME STAAB.
  nir le consentement de mon père.       Oh ! je vais faire du bruit dans
  Cinq semaines, est-ce si peu de     la maison ! je crie : au feu i
  chose ? Dois-jc lui apprendre                     SABINE.
  qu'elles se composent de trente-
                                         Au nom du ciel, silence, chère