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89 duire avec tant de vérité et d'éclat les étoffes, les dentelles^ etc., etc., mais ce n'est là que de l'adresse, et avec plus ou moins de temps, tout le monde y réussit. C'est la vie, le mou- vement, la passion, les caractères, la peau, la chair qui manquent à toutes les figures de Jacquand. La lèle de la femme qui apporte la dîme est à peine esquissée, et ses vête- ments ont la couleur et la dureté du ferblanc. La tête du moine est faite mesquinement et sèchement, el les membres et le corps manquent sous son froc. Nous ne disons rien des autres figures qui sont restées à l'état d'intention. M. Jacquand est incontestablement un artiste de talent mais il s'enfonce dans les défauts dont est infestée l'école lyonnaise, et il est à craindre qu'il ne reste dans l'ornière où il est tombé. Souhaitons-lui ferme résolution pour rentrer dans le vrai. JOIIANNOT, l'un des premiers de nos peintres anecdotiques, possède une touche fine et franche, une couleur agréable, une grande habileté de main, et un goût d'arrangement qui ne sent pas la manière ; ou pourrait désirer un peu plus de vigueur dans quelques-unes des parties du tableau qu'il nous a envoyé, un peu moins de négligence dans quelques détails, mais on ne saurait imaginer un effet d'ensemble plus agréable. LAURASSE. — On se plaint à toutes les expositions de la quanlilé de portraits qui encombrent le salon; c'est même là un propos commode à ceux qui n'ont ni la volonté, ni le pou- voir d'énoncer une opinion quelconque. Un très-mauvais portrait est pourtant encore la chose la plus supportable de la mauvaise peinture ; un portrait parfait est peut-cire le chef- d'œuvre del'art. Nous avons quelquefois reproché à M. Laurasse la couleur crue et exagérée de ses tableaux; nous ne trouvons aujourd'hui que des louanges à donner à la couleur solide et vraie du portrait de M. L . . . . Courage, M. Laurasse ! persévé- rez dans cette voie ; de beaux el légitimes succès vous y atten- dent ! 6*