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 « est aimable; autrement Dieu ne voudrait pas qu'on l'aime. »
   Mais si Dieu a lui-même répandu ses perfections sur les
êtres qui se tiennent autour de notre cœur pour le réveiller
à l'amour et l'accoutumer peu à peu à aimer celui qui porte
toutes ces perfections dans son sein, c'est qu'assurément
l'amour que les êtres parés de ces perfections sollicitent en
nous, loin de nous détourner de Dieu, ne fait que nous atti-
rer et nous glisser doucement vers lui. Delà vient que nous ai-
mons notre père, notre femme et nos enfants, non seulement
sans idolâtrie, mais encore que Dieu nous fait de les aimer un
devoir, une vertu, une perfection. Dieu ne nous ferait point
ainsi de ces amours un devoir, une perfection, et même une
nécessité de notre position dans ce monde, si ces amours ne de-
vaient pas nous conduire au sien; et ces amours ne nous con-
duiraient pas au sien, s'ils n'étaient pas les éléments mêmes de
l'amour intégral, dont nous devons l'aimer; et l'amour dont
nous devons l'aimer ne se composerait pas de tous ces amours,
si Dieu n'était pas la réalité infinie de toutes les perfections
que possèdent les personnes qui réveillent en nous ces amours.
Nous ne perdrons rien en quittant celte terre, Dieu est la véri-
table famille.
   Il est permis d'aimer son père, son épouse et son enfant,
comme il est permis d'aimer le bien, le beau et le vrai, puis-
que c'est déjà aimer quelque chose de Dieu. Le mal consiste
à aimer autre chose que Dieu; le bien consiste au contraire à
aimer Dieu et tout ce qui est de Dieu. Tout autre amour est
une idolâtrie, un crime, une mort pour l'âme. C'est ainsi, par
exemple, qu'il y a le péché de l'orgueilleux, qui aime son
esprit ; de l'égoïste, qui aime son cœur ; du sensualiste, qui
aime son corps.
   Nous aimons donc sans idolâtrie le bien, le beau et le vrai,
parce qu'ils sont quelque chose de Dieu, et qu'en les aimant
nous ne faisons que nous mettre à aimer Dieu. Or, pour qu'en