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64 douces émotions que l'homme puisse éprouver au sein de la famille ! Et je vis bien que cette idée ne me trompait point, lorsque je me mis à la sonder scientifiquement. Car c'est une chose bien claire qu'il doit y avoir, pour le moins, autant de réalité dans la cause que dans l'effet; et par conséquent, puisqu'ici l'effet se compose de personnes qui aiment et en qui l'on trouve le cœur d'un père, d'une épouse et d'un enfant, quelle que soit la cause de ces personnes, il faut nécessairement que cette cause soit aussi une personne qui aime et en qui l'on trouve les perfections et les charmes qui caractérisent sur la terre un père, une épouse et un enfant. Mais, bien plus, comme cette cause est infinie dans ses perfections, que tout est en elle de la manière la plus pure, la plus excellente, cette cause renferme donc en soi, de la manière la plus pure et la plus excellente, toutes les perfections que je retrouve dans ses créa- tures. Et Dieu me fut montré comme la plus douce personne de la famille... Alors je compris le sens de mon cœur. En effet, si, en analysant les notions fondamentales de la raison, nous avons trouvé pour éléments nécessaires, l'idée du vrai, l'idée du bien, et l'idée du beau ; en analysant les sentiments fondamentaux du cœur, ne trouvons-nous pas, pour éléments nécessaires, l'amour paternel, l'amour conju- gal, et l'amour filial? Or, de même que nous n'avons pu rencontrer dans la raison l'idée du vrai, du juste et du beau, sans reconnaître que Dieu est la vérité, la justice et la beauté infinies ; de même, nous ne pouvons rencontrer dans le cœur l'amour paternel, conjugal et filial, sans dire que Dieu est pour nous à l'infini tout ce qu'un père, une épouse et un enfant sont pour nous sur cette terre. Car, prenez-y garde : il ne faut pas croire que ce soit l'expérience qui, par les organes des sens, ait transmis en nous ces sentiments tels