Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                24
   — Ce qui me le fait croire, c'est que vous avez à combattre,
 un exorcisme , lui ajouta le Bénédictin , et en combattant les
ennemis de la croix , vous combattrez en leur personne le dé-
mon et tous ses maléfices.
   —Eh ! bien, priez pour moi et pour la dame de Jarez , saint
ermite, que la volonté de Dieu soit faite : je partirai en Terre-
Sainte.
   Telles furent les dernières paroles que fit entendre le comte
de Forez en quittant celle pieuse retraite.
   Il rejoignit la noble dame qu'il surprit en des extases pres-
que convulsives. Elle avait vu l'enfant Jésus lui sourire et la
bonne Vierge Marie lui tendre la main. Une musique ravis-
sante lui avait fait ouïr de célestes harmonies. Elle ne doutait
plus de l'efficacité do son voyage et louait Dieu et les saints
de sa vision de la veille.
   Le comte qui n'avait pas encore sérieusement pensé à son
départ fut pendant un, mois d'une grande amabilité auprès de
sa dame. Les fêtes, les joutes , les tournois se succédèrent à
l'envi dans la principauté de Jarez , et l'on se demandait, en
les voyant tous les deux les plus beaux entre les princes , les
seigneurs et les dames venus de loin, comment il se faisait
qu'un couple aussi parfait n'eût pas d'enfant.
   Cependant les nouvelles les plus funestes arrivaient de !a
Palestine: depuis l'a bataille de Tibériade gagnée sur les Chré-
tiens par Saladin , les affaires d'Orient étaient en souffrance.
Jérusalem tombait au pouvoir des infidèles, et le roi de France
pressait sa taxe sur le clergé qui la lui déniait. Il n'y avait pas
une minute à perdre. Louis, accompagné de la reine et des
comtes d'Artois et d'Anjou, ses frères, allait donc s'embarquer
à Aiguës-Mortes, aujourd'hui à deux lieues de la mer ; et le
seigneur de Jareï n'avait encore rien préparé pour les suivre.
  Ce départ avait quelque chose de poignant pour lui ; il ne
pouvait se faire à l'idée de dépeupler ses terres de tant de
vassaux utiles , de vendre une partie de ses biens à la cou-
ronne , seule en état de les payer ; et puis se séparer d'une