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15 On répète souvent que le sol est avare; Les planteurs sont communs... la plante seule est rare ! Eclose, n'importe où, rien ne peut la flétrir, Il ne te manque plus que de la découvrir. Mais souvent à chercher on met un soin extrême, Ce qu'on peut, sans effort, rencontrer dans soi-même ; Car, il faut l'avouer, dans la voie où tu cours Un rédacteur en chef trouve peu de secours. De nos recueils fameux c'est la commune histoire: Le grand nombre y travaille, un seul en fait la gloire ! Non que de tes amis, les travaux soient chanceux ; Ils sont tous gens d'esprit, mais tous fort paresseu" Combien dans les plaisirs de gloires consumées !. L'amour immole encor bien plus de renommées ; Après de beaux débuts quels revers éclatants ! Que de célébrités mortes dès leur printemps! Dès qu'à l'amour succombe un journaliste imberbe ; C'en est fait, plus de gloire! Il est rentré sous l'herbe... Moins heureux que l'insecte, invisible le jour, Qui fait étinceler la nuit de son amour, Et, dans l'obscurité répandant la lumière, Annonce son bonheur à la nature entière. C'est peu d'être amoureux, ils sont encor gourmands, Aujourd'hui pleins de verve et convives charmants Ils égalent Nodier, Musset, et Sainte-Beuve, Et demain de leurs noms la Revue encor veuve, Prolongeant d'un retard l'adroite fiction, Couvrira le secret d'une indigestion (1). (1) Si nos collaborateurs avaient besoin de justification, nous rappellerions à M. Florimond Levol ces deux aphorismes de Brillât-Savarin : — Ceux qui s'indigSrent ou qui s'enivrent ne savent ni boire ni manger. ~"Les animaux se repaissent; l'homme mange, l'bomme d'esprit seul sait manger,