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Comment donc faire alors, pour combler tant de vides?
Iras-tu, sans péril, à tes lecteurs avides,
De confrères défunts t'offrant pour héritier,
Remplir de ton nom seul le recueil tout entier?
Cela s'est vu parfois; le succès suit l'audace;
Aisément aujourd'hui le talent se remplace.
Mais tu n'es pas réduit à celte extrémité ;
Près d'eux, pour te sauver, veille la vanité.
Aux mains du malheureux qu'un sot amour consume,
En l'écoutant gémir, mets toi-même la plume ;
Demande lui des vers échappés à son cœur,
Et, pour un bon article, arrange sa douleur.
Au jeune commerçant trahi par la fortune,
Il faut faire oublier une perte importune,
Et lui peindre l'étude, avec tous ses attraits,
Qui console toujours et ne trahit jamais.
Si môme le gourmand, nonobstant la souffrance,
D'une lueur d'esprit donne encore l'espérance,
Tu dois, garde assidu de ce pauvre alité,
Lui tenir l'écritoire en lui versant du thé !
   Mais ce sont là, dis-tu, des mœurs de fantaisie,
Penchants de jeunes fous, travers de poésie,
Qui n'appartiennent pas à de graves savants,
Du recueil lyonnais principaux desservants....
Marchant au môme but, qui les retient en route?
Ce n'est pas le plaisir, est-ce un accès de goutte?
C'est bien pis ! la douleur se laisserait fléchir
Mais ce sont des devoirs ! rien n'en peut affranchir.
On prodigue aisément les instants du jeune âge ;
Le temps de l'érudit est un bien qu'on ménage.
Un seul devoir manqué coûterait vingt remords,
Et les premiers liens sont toujours les plus forts
   L'un, maître en droit romain, que sa leçon t'enlève