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4G2 DES CARACTÈRES GKNÉRADX paraîtra étrange à ceux qui sont accoutumés a voir la philo- sophie du XVIIIe siècle tout entière dans celte maxime que toutes nos idées viennent des sens. Néanmoins il ne me sera pas difficile de la justifier et de montrer ici encore le lien qui rattache le XVIIIe au XVIIe siècle. Descartes avait reconnu l'existence de celte raison univer- selle dans ce qu'il appelle les idées innées, et particulière- ment dans cette idée de l'infini sur laquelle il a fondé la preuve de l'existence de Dieu ; mais il n'a fait aucune appli- cation de celte raison universelle ni au droit social et poli- tique, ni môme à la morale pure. Par là , Malebranche l'em- porte sur son maître Descartes. Non seulement au point de vue métaphysique, il a beaucoup plus approfondi la nature de cette raison universelle, mais encore il en a déduit les prin- cipes absolus de la morale, et, de ces principes, une morale tout entière contenue dans son magnifique traité de morale. Dans ce traité, il ne se borne pas même à la morale pure, et il fait déjà quelques applications sociales et politiques. C'est ainsi qu'il définit admirablement le Souverain, le Vicaire de la raison. Bossuet el surtout Fénelon ont ici suivi les traces de Malebranche. Comme lui, ils admettent une raison uni- verselle et divine éclairant toutes les intelligences ; comme lui, ils en déduisent la morale, et sans cesse ils posent el invo- quent des maximes de justice absolue. Il y a même dans Fé- nelon une tendance marquée à faire une application de ces maximes à l'organisation sociale et politique. On voit cette tendance dans presque tous ses ouvrages, et principalement dans le Télémaque. Considéré sous ce point de vue, Fénelon forme la transition entre les philosophes du XVIIe et les phi- losophes du XVIIIe siècle. Ainsi, les philosophes du XVIIe siècle avaient consi- déré la raison universelle en elle-même, dans son essence ontologique el dans son application à la morale pure. Mais