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DE LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE. 457 d'appui dans l'ame humaine et dans la conscience, et c'est de là qu'elle s'élance vers les sommets les plus élevés de la mé- taphysique et de l'ontologie. Là , sans doute, l'absolu, l'infini nous sont donnés dans le premier fait de conscience au môme instant que le relatif et le fini. Le cartésianisme ne s'y est pas trompé, mais en même temps il a reconnu que pour dé- terminer la nature de cet infini, et de ses attributs, il fallait procéder par une induction dont le fondement nécessaire était la connaissance de la nature et des facultés de l'ame humaine. Telle est la voie indiquée par Descartes. Je pense, donc je suis, voilà la vérité première sur laquelle il fonde toutes les autres, et cette vérité, je pense, donc je suis, est la vérité de notre propre existence, immédiatement attestée par la cons- cience. Depuis Descartes, ce poiut de départ a été celui de presque tous les philosophes français, avec cette différence que les uns se sont élancés au-delà , tandis que les autres y sont demeurés enfermés. On trouve dans Spinosa une excep- tion à cette règle générale, mais on n'en trouve pas dans le cartésianisme français, et encore moins dans la philosophie du XVIIIe siècle. Non seulement les philosophes français ont été à peu près unanimes à prendre le point de départ de la métaphysique dans l'étude plus ou moins approfondie de l'ame humaine, mais ils sont à peu près également unanimes à lui appliquer les mêmes procédés et la même méthode. Celte méthode est la méthode psychologique tout entière exprimée dans celte règle : rien n'appartient à l'ame que ce que la conscience et la réflexion découvrent lui appartenir, et tout ce que les sens nous attestent, tout ce que l'imagination reproduit appartient exclusivement au corps et non à l'ame. Descartes, dans ses méditations, a donné, à la fois, le précepte et l'exemple de cette méthode. Avec plus ou moins d'exactitude et de profon- deur, cette méthode a été également suivie, soit par les phi-