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454              DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX
etMaine deBiran,qui remirent en lumière l'activité essentielle
de l'ame niée ou méconnue par la métaphysique du XVIIP
siècle, et surtout par Condillac. Elle fut continuée avec plus
d'autorité par M. Royer-Collard, qui, s'aidant de la philo-
sophie écossaise, renversa le fameux principe que toutes nos
idées viennent des sens. Si dans l'histoire politique le nom
de M. Royer-Collard peut périr un jour, il est assuré de vivre
dans l'histoire de la philosophie française. Enfin, avec plus
de force et d'éclat, et en revenant aux principes fondamen-
taux du Cartésianisme, M. Cousin acheva cette nouvelle ré-
volution philosophique. Il approfondit les caractères et l'origine
des idées absolues, et, comme Malebranche. il les rapporta
à une raison impersonnelle et divine, avec laquelle sont en
participation tous les êtres raisonnables. Ainsi il reconstitua
une philosophie nouvelle qui prit le nom d'éclectisme, pour
marquer qu'elle aspirait à comprendre en une même syn-
thèse tous les éléments de la nature humainejusque-là séparés
ou mutilés par des systèmes exclusifs. A la même époque, et
avec un certain retentissement, parurent d'autres réformateurs
en philosophie : mais les uns niaient la raison, c'est-à-dire
le principe même de toute philosophie ; les autres s'occu-
paient plutôt d'une nouvelle organisation sociale que de mé-
taphysique proprement dite; et, d'ailleurs, sous ce dernier
point de vue, ils étaient les continuateurs et non les adver-
saires de la philosophie du XVIIIe siècle. Je n'éprouve donc
aucun scrupule à appeler plus spécialement l'éclectisme la
philosophie française du XIXe siècle. Je cherche en vain
une autre école qui puisse légitimement prétendre à ce titre,
soit par sa méthode, soit par ses principes, soit par son in-
fluence. J'en appelle au témoignage impartial de tout le monde
savant. A l'étranger, en Allemagne, en Angleterre, en Ita-
lie, qu'appelle-t-on philosophie française, que critique-t-on
comme la philosophie française, si ce n'est l'éclectisme ?