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LE SILENCE. Le but par Dieu môme béni ? Pour embraser l'esprit du Dante, Il fallut la foi, lampe ardente, Qui nous éclaire l'infini. Vois le Christ qui, n'ayant que sa foi pour compag Vingt ans rêva, muet, au désert de Sion, Sa parole sur la montagne, Cette immortelle expansion. Il savait, ce grand cœur de mère, Où tressaillait l'Humanité, Que, pour enfanter sa chimère, L'ame humaine a l'Eternité; Que la pensée et le silence, Sont les entrailles d'où s'élance La parole aux ailes de feu ; Lorsqu'au Calvaire sonna l'heure Où l'expansion saigne et pleure, L'univers entendit son Dieu. Aujourd'hui que du sacrifice Les prêtres s'en vont, que chacun, Abjurant l'ombre et le calice, Veut sa place au soleil commun; Que tous ont la soif infinie De l'universelle harmonie Dans le bonheur universel, Qui sera le Christ de cette ère, Qui, dans ses bras, prendra la terre Pour la déposer dans le Ciel ?