page suivante »
H 2 LE SILENCE. Et j'attends, accablé de ma double impuissance A frayer le sentier pour mes frères et moi, Et j'écoute, au cœur du silence, Palpiter la nouvelle foi. Mais aucun souffle ne soulève L'immobile et muet linceul ; Quand la nuit implore un beau rêve, Avec elle il faut prier seul. Quand rien ne passe sur la lyre, 11 faut se taire, hélas ! et rire, Pour ne pas se sentir pleurer : Le rire est un fard de jeunesse Fait pour cacher une tristesse Qui veut feindre de s'ignorer. Un jour, cet hôte du Calvaire, L'Ange de la tristesse, un jour, Jettera son éponge amère, Dans un flot de joie et d'amour. Mais où luit l'astre de Moïse, Qui guide à la terre promise, A travers le désert sans bord? Qui donc comblera cet abîme Entre la croix d'un Dieu victime Et les promesses du Thabor? Ne sois point triste, ami, si, dans son vol avide D'azur et de soleil, de tempête et d'éclair, Ton aile se perd dans le vide, Lorsqu'elle passe dans mon air.