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440 LE SILENCE. Le silence est un feu qui fume Sans éclater ; c'est le cahos Où rien n'apparaît, dans la brume, Que l'esprit de Dieu sur les eaux. C'est l'abîme où l'or s'élabore, La nuit morne qui fait l'aurore, C'est l'ombre qui fait le soleil; C'est, voilé de frimais funèbres, L'arbre, couvant, dans les ténèbres, L'expansion, ce fruit vermeil, Si le buisson ardent n'est pas encore en cendre, Si les langues de feu planent encore au ciel, Poète, il faut savoir attendre Le moment providentiel. Et j'atlends, moi, pauvre ame en peine, Pour qui l'attente est un tourment; Mais je sens ma foi, flamme vaine, S'éteindre, faute d'aliment. Hélas ! pour mon essor infime, J'ai, sur une trop haute cime, Placé mon idéal voilé. Où Irouverai-je la parole Qui t'apaise et qui te console, Moi que tu n'as pas consolé? Pour éveiller l'ame ou la rose, Du sommeil où chacune attend, Il faut une sublime cause, 11 faut un appel éclatant; Au désir pour donner la force, Où donc est la splendide amorce,