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366               DE LA FAUTE DE L ' H O M M Ë

que peut-il devenir dans les plans de fêtre ! Trouver un sys-
tème duquel il résulterait que nous n'avons pas besoin de met-
tre notre cœur en Dieu ! mais ce serait se placer dès ce monde
dans le supplice du dam !
   Sans donc proclamer que l'ame se conserve et se déve-
loppe d'elle-même, ces esprits sont insensiblement amenés à
se conduire comme si cela était. Puis, considérant la religion
comme inutile, ils doivent en négliger les devoirs ; et de là plus
de piété. Considérant nos relations d'amour avec Dieu comme
illusoires, ils ne voient plus la nécessité logique d'établir a
priori des relations de ce genre avec leurs semblables; et de
là plus de charité. La morale divine et la morale humaine
tombent l'une à la suite de l'autre.
   Assurément, d'austères penseurs auront beau être sujets aux
effets que l'orgueil produit secrètement dans le sein de tout
homme, leur noble conscience sans cesse travaillée en eux
par l'outil divin de la pensée, celte raison pratique à laquelle
l'ame sublime de Kant recourut, lorsqu'il vit s'écrouler devant
son intelligence la raison spéculative, maintiendra toujours
leur conduite dans la sainte voie de Dieu. Mais les hommes
véritablement orgueilleux, je veux dire ceux qui, fiers de leur
corruption et de tout ce qu'ils sont, ont pour but, par des
écrits où tous leurs instincts se montrent à nu, d'amener leur
semblable au môme état d'esprit ; ces hommes-là, forts de
cette métaphysique, répandront avec abondance l'immoralité
dans les mœurs. Ah ! comment ne pas trembler devant ceux
qui se donnent ouvertement pour tâche d'amollir les cœurs !
   Hommes que votre cœur a conduits dans cette doctrine, je
ne m'informe pas si vous avez dit ex professo que l'ame
existe d'elle-même, et qu'elle ne peut rien être pour Dieu ; je
vous demande simplement si vous avez de la piété! si, en
religion, vous aimez Dieu par le besoin incommensurable du
cœur; si, en morale, vous êtes vertueux et chastes *'*- -