page suivante »
362 DE LA FAUTE DE L' HOMME Les systèmes dont nous venons de parler sont le fruit de l'intelligence exclusive. En suite du motif que nous avons ex- primé, la raison est la faculté dont on se sert le moins, parce qu'elle est impersonnelle et de Dieu ; l'intelligence est la fa- culté dont se sert le plus, parce qu'elle est personnelle et du moi. Elle est la seule lumière dont se serve l'homme en état d'orgueil. Ce qu'on appelle le Sot n'est en toutes choses, que l'homme qui ne fait pas usage de sa raison. L'orgueilleux ne saurait y recourir, ce serait sortir de lui-môme, et entrer dans une lumière supérieure. Le plus grand nombre des lettrés et les savants à spécialité sont ordinairement dansée cas. Ne procédant qu'avec l'intel- ligence, ils ne peuvent saisir que le relatif; de là ils se trou- vent bien obligés, lorsqu'ils entrent dans la métaphysique, d'aller au fond de la notion du relatif, et conséquemment, de partir du néant ! Si, au lieu de n'employer que l'intelligence et de bâtir sur une construction, ils se servaient de la raison, ils bâtiraient sur l'axiome. Ils verraient que, puisque l'être existe, il est de toute nécessité que dès le commencement l'absolu ait été. Il fallait se soulever d'une force infinie pour arriver à l'existence ; si l'être avait manqué d'une seule des conditions infinies de l'être, il aurait eu en lui une porte ouverte au néant. Indiquons donc ici la base si simple de la métaphysique. L'être existe, donc l'absolu était. Dans cette notion appa- raît aussitôt la base de la morale. L'absolu était, donc l'union infinie opérait l'identité et la vie de toute la substance. Dès- lors les créatures comprennent que l'absolu reposant sur l'a- mour, l'amour est la vie et le salut de l'être. Premièrement, comme nous venons de l'apercevoir, l'uni- versalité du panthéisme est donc là : par suite du secret instinct d'asséité, on emploie l'intelligence qui est du moi, prèférable- ment à la raison, qui est de Dieu. Puis, marchant à l'inverse