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348 DE LA FAUTE DE L'HOMME vine psychologie, cette grande science s'arrête, elle croit que l'ame subsiste d'elle-même. Elle a vu ce fait inoui de l'exis- tence d'un être en dehors de l'absolu, et elle n'a cherché ni sa base dans le temps ni son but au-delà du temps.... Chose surprenante ! les philosophes ont reconnu que le vrai, le bien et le beau sont impersonnels, et ils ont fait du bien, du vrai et du beau des éléments appartenant à notre personne ! En psychologie, ils ont établi que le bien, le vrai et le beau, n'étant point le produit relatif du moi, nous ve- naient de la source éternelle ; et, en religion, ils ne voient plus la nécessité pour l'ame de se rattacher positivement à celte source, si ce n'est par cette sorte de muette et classique ad- miration qu'éprouve naturellement l'esprit pour la vérité, la justice et la beauté infinies! Rien plus ne les étonne dans ce fait incroyable de l'exis- tence d'un être qui n'est point l'infini Ils pensent tout simplement que cet être, ayant reçu une première fois l'exis- tence, se l'est depuis conservée par lui-même; sans s'informer comment l'être qui n'a pas pu se créer a pu se conserver! Ils ne s'inquiètent plus des conséquences énormes qui en r é - sultent, à savoir : que reconnaître à une créature le pouvoir de subsister c'est admettre qu'en elle est l'absolu, que con- séquemment elle a tous les éléments pour être Dieu. Non, réellement rien de cette conclusion de leur pensée ne leur apparaît d'abord ; ce n'est qu'ensuite qu'elle se montre, comme nous allons l'observer, dans ceux qui ont la logique de tirer les conséquences. D'après le point de vue humain l'ame est créée, il est tout naturel qu'elle se conserve et qu'elle marche toute seule. Dieu est infini de son côté, il peut aller sans nous comme nous sans lui. Nous l'intéressons bien quelque peu, mais pas au point d'entretenir cette continuelle et fatiguante correspon- dance de tous les instants qu'on appelle religion.