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326 DE LA FAUTK J)K LHOMME Avant de voir se traduire sur la terre les effets de cetle ré- volution dans l'être, rappelons-nous succinctement la suite des propositions ontologiques qui découlent de la notion de l'absolu. L'Être essentiel trouve en lui le principe de son existence ; 1J créature spirituelle ne trouve en elle que le principe de ses actes. Autrement dit, la nature de Dieu est absolue et indé- pendante, et la nature de l'homme n'est que libre et respon- sable. Conséquemment, le mouvement qui porte l'être libre à ne produire des actes que par lui-même, pour conserver son impulabililé, est aussi normal et aussi légitime que le mou- vement qui porle Dieu à n'exister que par lui-même, pour conserver son absoluité. Mais le sentiment de suffisance qui porterait l'être libre à croire qu'en lui est la source de sa substance comme en lui est la source de ses actes, ne serait- il pas aussi anormal et aussi dangereux pour lui que le se- rait pour l'être absolu le sentiment d'insuffisance qui lui ferait chercher hors de lui les infinies conditions de son existence ! De là cetle conséquence si simple, et qui renferme cependant toute la législation de l'être, à savoir : que Dieu reste Dieu, car lui seul peut se suffire; et que la créalure reste la créa- ture, car seule elle ne peut se suffire. Puisque l'être absolu ne cherche qu'à répandre sa vie, afin que des êtres autres que lui puissent jouir de sa félicité, puisqu'enfin il nous a créé pour avoir à qui faire du bien, que tel est le grand besoin de cet être ineffable, la peine la plus cruelle et la seule qu'il puisse éprouver dans la plénitude même des joies de l'infini, ne serait-ce pas celle d'être déçu en son amour par la perte de sa créalure? De son côté, celle faible créature pourrail-elle éprouver une peine plus affreuse que celle de se voir arracher l'objet de ses espérances et de son amour immortels ! L'acte qui empêcherait la créature de rattacher son existence à son Dieu, et Dieu de suivre le pen-