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322                MÉMOIRE suu     I/ATI-ANTIDK.

se montrent en abondance entre le vingt-troisième et le trente-
troisième paralèlles, et l'on sait fort bien que cette plante
marine ne peut croître et s'élever au dessus des eaux, que
dans une mer peu profonde. Du côté des Açores, à trente
lieues au loin de Madère et de Porto-Sanlo, sont des vigies
et des roches sous l'eau. EnlreMadère etlesCanaries, se voient.
surune môme ligne les Iles Désertes, l'Ile Sauvage etsa chaîne
de rochers qui semble lier ces deux groupes et en faire un
seul et même système; et entre les Canaries et les îles du
Cap-Vert, les eaux de l'Océan disparaissent sous une couche
épaisse et merveilleuse de varec et de goémon qui, s'étendant
au loin et remplissant presque tout l'espace entre les deux
Archipels, couvre une superficie immense de soixante mille
lieues carrées.
   Cette partie de l'Océan présentait déjà le môme aspect dès
les temps les plus reculés. Aristote (1) en fait mention, et le
Périple de Scylla (2) s'exprime ainsi : « La mer au-delà de
Cerné (la petite île Fédal sur la côte du Maroc), n'est plus na-
vigable à cause de son peu de profondeur, des marécages et
des varecs. » Si l'autorité de Scylla méritait une entière con-
fiance, ce que je n'oserais assurer, ne pourrait-on pas induire
de ce passage que les débris de l'Atlantide, plus nombreux
alors que maintenant, et s'élevant presque à la surface de la
mer, devaient procurer ces bas-fonds, ces eaux vaseuses, et
ces plantes dont parle le Périple, mais que la suite des siècles,
les commotions violentes et volcaniques dont ces mers ont été
si souvent le théâtre, les courants dont la force est si grande
dans ces parages, ont emporté ces débris pièce à pièce et ont
donné peu à peu à la mer cette profondeur qu'on y trouve
maintenant? Par là, serait confirmée la vérité de la fin du


  (i) De Mirabilibus, p. iiH-.
  (2) Ed. de Gi'onovius, p. 12O.