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260 MADEMOISELLE DE MAGLAND. eut alors dans son attente déçue un contre-coup qui la blessa au cœur. Vainement, le front appuyé à la fenêtre, interrogeait-elle du regard le détour eonnu de l'avenue où rien ne paraissait. Puis, quand la marche du soleil décrut dans le ciel comme l'espérance dans son cœur, cette attente, vivace comme son amour, se reporta au lendemain, changeant l'espoir d'aujourd'hui en certitude pour le lendemain. Le lendemain, Auguste alla à Hauterive, et ramena Raoul pâle et amaigri. A sa vue, Marie lui tendit les mains et fondit en larmes. Elle le conduisit auprès de son père. Quelle triste scène pré- sentait alors la chambre de M. de Magland ! La lampe, voilée par un épais chapiteau, laissait dans Porabre la tête affaiblie du malade, et éclairait vaguement la figure désolée de M. de Malvignane: l'expres- sion de la douleur est si navrante, chez les vieillards ! M. de Magland murmurait de temps en temps des mots inarticulés, quelquefois, on distinguait celui-ci : ma fille ! Alors, Marie s'approchait, prenant ses mains dans les siennes, et il la regardait avec un triste sourire qui rappelait les pâles rayons du soleil, passant à travers les nuages d'un ciel d'hiver. Quelquefois, quand le mal diminuait d'intensité, il parlait de riants projets pour l'avenir, comme font tous les ma- lades, et bien souvent, hélas ! les mourants. Sur le soir, sa respi- ration s'embarrassa de plus en plus. Il appela Raoul, et mit la main de sa filfe dans les siennes, Cette action eut quelque chose de si profondément touchant et de si triste, que les sanglots éclatèrent de toute p a r t . — J e mourrai tranquille, Raoul, vous êtes chargé du bonheur de Marie, dit-il, en souriant tristement. Ce furent les derniers mots qu'il prononça. Une légère convulsion altéra ses traits, il expira, une de ses mains dans celles de sa fille. LETTRE D'AUGUSTE DE BLOSSAC A CHAKLES DE ROUVBAY. Pars, Charles, ne m'attends pas , je reste à Hauterive. Tout le monde est ici dans la désolation la plus profonde, M. de Magland est mort, après quelques jours, d'une maladie qui semblait peu sérieuse. Marie est dans un état à faire pitié. Son pauvre vieil oncle pleure avec elle et ne la quitte pas d'un instant. Alix n'est plus ici :