Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                  MADEMOISELLE DE MAGLAND.                         259

uabinets de Boule, complétaient l'ammeublement de celte pièce
aussi riche qu'élégante. Un lapis de la Savonnerie, encore roulé,
devait en couvrir le parquet qui, comme ceïui de la pièce pré-
cédente, offrait de nombreuses souillures de boue. Auguste, d'un
air soucieux, continua ses investigations autour de l'appartement.
Il ramassa dans un coin un mouchoir de batiste qu'il sentit et mit
dans sa poche ; puis, fermant soigneusemeni toutes les portes, il
se mit lui-même en devoir de faire disparaître les traces de la vi-
site mystérieuse qu'avait reçue l'appartement de Raoul.
     L'indisposition de M. de Magland augmenta le jour suivant ; on
envoya en toute hâte, à Genève, chercher le médecin de la fa-
 mille. En proie à la plus vive inquiétude, Marie ne quittait pas l'ap-
 partement de son père ; le soir, elle s'étonna de n'avoir pas vu
Raoul. Auguste, qui n'avait pas voulu quitter le Genêt depuis la
veille, le croyait encore indisposé. — J'irai demain à Haute
 rive, dit-il à Marie, car il est bien entendu que je ne bouge pas
 d'ici avant l'arrivée du médecin. Le lendemain, le médecin dé-
 clara que la maladie de M. de Magland, déjà fort sérieuse, était ag-
 gravée par l'effet de chagrins ou de peines morales ; il recommanda
 d'éviter toute émotion, car il était dans une crise qui pouvait être
 fatale ou salutaire ; le lendemain, il pourrait prononcer à coup sûr.
 Marie passa la nuit auprès de son père, livrée à de' mortelles an-
 goisses. Des rêves frénétiques agitaient le malade, sans repos ni
 trêve ; des cris tantôt plaintifs, tantôt furieux venaient briser sa
 poitrine haletante ; d'autres fois il appelait Marie avec amour, avec
 supplication, puis il la repoussait avec horreur. A ces tortures de
  l'insomnie, à ces subits transports de fièvre succédait la morne
  pâleur d'un front glacé et humide. Tous ces efforts d'une lutte af-
  freuse glaçaient Marie de terreur, ou la jetaient dans le plus profond
  désespoir. Auguste ne quitla pas d'un instant le chevel du malade,
  se multipliant, l'entourant de ses soins ingénieux, et prodiguant des
  consolations à Marie. La nuit se passa ainsi dans d'affreuses craintes.
  La journée du lendemain fut plus calme, et laissa à Marie la li-
   berté de s'étonner de l'absence de Raoul dans un semblable mo-
   ment. Elle l'attendit tout le jour. L'heure où elle pouvait raison-
   nablement espérer de le voir, arriva et s'écoula sans l'amener. Il y