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LE P. PAUL HOSTE. 3f) construire chacun un vaisseau d'après leurs idées, et de s'en rapporter â la décision des hommes de l'art. « Quoique le ma- réchal eût promis au P. Hoste que tout serait égal entre eux, on juge pourtant bien quels avantages il avait dans un poil, où chacun lui était soumis, où chacun obéissait a ses ordres. Les meilleurs ouvriers, les meilleurs bois, les conseils donnés et reçus à propos, furent le partage du maréchal, landisque le géomètre, laissé à lui-même, souffrait des relardemenls et des contradictions inévitables. Les deux navires étant achevés, on les mil le môme jour à l'eau. Toute la marine était accourue à ce spectacle. Les deux concurrents s'attiraient justement celte curiosité. Le vaisseau bâti par les ordres et sous les yeux du maréchal obtint la préférence au premier coup-d'œil. Il la méritait par le fini de l'ouvrage, et par une certaine élégance dont les bois mis en œuvre sont succeptibles; on convint en- suite, el le P. Hoste ne s'éloigna point de cette pensée/ que le vaisseau du maréchal méritait encore la préférence par la bonté de sa construction. Ce qui avait jeté dans Terreur l'ha- bile géomètre, c'est qu'il avait donné les mêmes façons à l'ar- rière et à l'avant de son vaisseau, trompé, sans doute, par une espèce de bâtiments très commun sur la Méditerranée et qui y réussissent au mieux : ce sont les tartanes. Le navire cons- truit par le P. Hoste était presque rond, ses deux côtés ressem- blaient à deux segments de cercle qu'on aurait joints ensemble. Il croyait par là que son navire diviserait mieux le liquide où il était plongé; ce navire ne faisait que tournoyer, comme fe- rait une navette de tisserand dans une baille d'eau, à qui on aurait imprimé un mouvement de tourbillon. Mais le P. Hoste, ayant remanié ses premières idées, proposa une construction plus parfaite . Les guerres qui survinrent et dont l'opiniâtre- té coûta tant de sang à l'Europe, empêchèrent qu'on n'y tra- vaillât (1). » (i) Mtm. de Trévoux, mars 1748, pag. 418 el suiv.