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       SUR LA LITTÉRATURE ITALIENNE ET ESPAGNOLE.              441

laient vingt royaumes , Charles Quint tenait sous son sceptre
près de cent millions de sujets. Comment donc s'étonner que
le génie s'éveillât à la vue de ces merveilles , que Mendoza
décrivit avec feu l'héroïque conquête de Grenade, que le
tendreGarcilaso chantât le bonheur de sa patrie, landisque
Camoens arrachait au naufrage les annales immortelles de la
gloire portugaise? La vie humaine, sous tous ses aspects,
dans tous ses travers et ses mystères, se déroula sous la plume
inspirée de l'inimitable Cervantes, tandisque Lope de Vega et
Caldéron variaient à l'infini les émotions du drame, et que
Vélasquez, Murillo, animaient de leurs toiles ces sombres
monastères où venaient insensiblement s'engouffrer toutes les
ressources de l'Espagne. Bientôt, hélas, l'orgueil porta ses
fruits ! Richesses intellectuelles et matérielles, tout finit par
faiblir , par crouler sous le joug d'un odieux despotisme dont
les chaînes s'étendirent jusque sur l'Italie. L'homme sacrilège
prit la place de Dieu même, non pour bénir, mais pour
damner ses frères ; l'horrible inquisition leva la tôle , et se
gorgea de milliers de victimes !
   Mais écartons ces funestes images, détournons les regards
de ces années de deuil ; et hâtons-nous de dire que la libre
pensée , poursuivie , proscrite , bâillonnée , soumise aux plus
affreuses tortures , sortit victorieuse de la lutte, et protesta en
face des bûchers ! Dès ce moment le génie du nord a pris son
vol et étendu ses aîles; l'Angleterre, l'Allemagne se réveil-
lent à la voix de Bacon et de Kepler, que suivront bientôt
Leibnitz et Newton; et la France, guidée par Descartes, acquiè-
rent tout-à-coup la conscience de sa force, puisant avec un égal
bonheur dans les souvenirs anciens et modernes, dans les
traditions profanes et sacrées, la France joignant â la riches-
se , à l'élégance du génie méridional , un reflet de cette
énergie austère qui distingue le génie du nord, atteint dans
presque tous les genres, au milieu des splendeurs d'un règne