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W2 COUP-D'OEIL GÉNÉRAL incomparable, la perfection désespérante qui la place à la tète des nations. Si dès-lors l'Espagne , l'Italie ne peuvent plus revendiquer la première place ; si, depuis le règne de Louis XIV , elles V" cèdent à des mains plus heureuses le sceptre qu'elles tinrent si longtemps, ne croyez pas, Messieurs , qu'elles se soient endormies dans une honteuse indifférence ; ou plutôt, corn-, mentpourriez-vous le croire à l'aspect de leurs constants ef- • forts, de leurs nobles productions littéraires; à la vue de Vico, \ l'historien philosophe ; de Mello , le savant légiste ; de Mé- \ tastase, de Moratin , d'Alfiéri, ces glorieux représentants du \ théâtre; de Manzoni, de Pellico , ces ardents panégyristes de , la vertu ; de tant de publicisles italiens, éloquents interprêtes des droits de leur patrie, de tant de braves et généreux tri- buns que l'Espagne a pu voir, le même jour, présenter leur poitrine aux balles de l'ennemi et revenir dans l'assemblée nationale étouffer la voix des factions et défendre la majesté des lois. Honneur donc au génie des peuples du midi, qui brille d e - puis tant de siècles et ne saurait s'éteindre ! Et si nous insis- tons sur sa louange , c'est pour protester avec autant plus de force , avec une conviction d'autant plus vive , contre ce pré- jugé injuste et mesquin qui prétend fêter sa décadence, si- x' gnaler son dépérissement, et comparer la contrainte qui l'accable à l'immobilité de la tombe ; ce préjugé , qui, r e - niant le passé , plongé dans la jouissance d'une actualité ma- térielle , repousse avec un froid dédain les souvenirs de la gloire antique, et ose dire que le midi a vécu, qu'il doit s'anéantir sous ses ruines ! S'il est vrai que des peuples nou- veaux tiennent en main la puissance souveraine , que la ba- lance politique de l'Europe penche évidemment vers le nord, je n'oserais affirmer de quel côté penche sa balance intellectuelle. Mais ce que j'affirme avec certitude , c'est que le midi ne p é -