page suivante »
430 DISCOURS D'OUVERTURE plus de succès encore par la propagation salutaire d'un prin- cipe vrai ? Non moins que la philosophie française du XVIII e siècle, la philosophie écossaise, quoique si réservée et si timide , a prétendu à la popularité. Elle aussi s'est constamment effor- cée d'éviter tous les termes techniques et de parler une langue qui fût à la portôede tout le monde. Elle aussi a enseigné une morale populaire et donné des préceptes de Ihéodicée donc elle voulait composer une sorte de religion naturelle à l'usage de tous les hommes raisonnables. Malgré l'obscurité de leurs écrits; les philosophes allemands du dernier siècle ont été en général inspirés de la même pensée. Kant et Fichte ont eu égale- ment foi dans la possibilité d'une philosophie populaire. Dans la préface de son célèbre ouvrage sur la Religion dans les li- mites de la raison, Kant affirme que pour en comprendre le contenu essentiel il n'est besoin que de la morale commune, et que s'il s'est servi de quelques termes qui ne sont pas popu- laires , c'est uniquement pour se conformer à la langue de l'école: « Mais la chose, dit-il, qui est ainsi exprimée est contenue dans l'instruction donnée aux enfants ou dans le sermon le plus populaire et quoique sous d'autres termes elle est facile à comprendre. Que ne peut-on dire la môme chose des mystères de la nature divine compris dans la dogmatique qui sont introduits dans les catéchismes comme s'ils étaient tout-à -fait populaires! » Avec quelle éloquence, Fichte, dans ses Leçons intitulées : Mélhode pour arriver à la vie bienheureuse n'a-t-il pas dé- veloppé celte même pensée ? Avec quelle force ne combat-il pas contre ceux qui nient la possibilité d'une philosophie p o - pulaire et condamnent impitoyablement le grand nombre à ne jamais s'élever jusqu'à la pensée et à l'indépendance de l'esprit ! Ainsi tous les métaphysiciens et toutes les écoles modernes