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128 TABLKAU ET SAC DE ROME. ment les préceptes de l'Evangile. N'a-t-on pas vu de- puis, malgré des mœurs plus douces et ce qu'on ap- pelle une civilisation plus avancée, quelles horreurs la prise d'une ville amène après elle? Des matrones et des vierges romaines eurent à souf- frir des outrages plus affreux pour la chasteté que la mort même. Une passion plus insatiable que toutes les autres, la cupidité, [chercha violemment et partout de quoi se satisfaire ; on se prit aux objets les plus pré- cieux et les plus faciles à emporter, l'or, les diamants, les robes de pourpre et de soie. On employa les me- naces et les tortures pour forcer les citoyens à livrer des trésors réels ou imaginaires (1). C'est ainsi que Marcella, également distinguée par son rang, son âge et sa piété, fut renversée à terre, inhumainement battue de fouets et de verges. Les Goths détruisirent ou mu- tilèrent quelques édifices; beaucoup de chefs-d'œu- vre de Fart disparurent sans retour, et les statues d'ai- rain ou de marbre qui ornaient les divers Forum, allè- rent joncher le sol (2), oubien furent abyméespar cette stupide ignorance qui se montre toujours avide de des- truction. En entrant par la porte Salarienne, au nord- est de la ville, les Goths avaient mis le feu aux pre- mières maisons, pour éclairer leur marche et distraire l'attention des citoyens. Les flammes, que personne (i) S. August. (oc. cit. (2) Barbarica quaedam procella in Romam imiit, et nec aeneas quidem statuas reliquit in foro, seJ omnia barbarica diripiens insolentia corrupit, adeo ut Roraa quae ducentis anuis pulcherrima fuerat et frequentissima, dirue- retur, fieretque déserta et, ut ait Sibylla, pù'/ïi, hoc est vieus, non Roroa. Fallait. Lausiac, cap. cxix.