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G2                   CRITIQUE LITTÉRAIRE.

mort de Sêraphine ; ainsi, dans Jean Sbogar, l'un des sbires
soulève la tête d'Antonio, et lui laisse frapper le pavé en l'a-
bandonnant à son poids, avec ces paroles qui cherchent l'ef-
fet : cette jeune fille est morte ; ainsi, dans Adèle, l'héroïne
de ce nom se précipite par la fenêtre; Gaston de Germancé se
fait sauter la tête, cette fois tout à fait à la Werther, d'un
coup de pistolet. Dans Thérèse Aubert, c'est bien autre chose;
je passe sur une foule de détails invraisemblables et quelque-
fois peu délicats, mais il est impossible de se défendre d'un
mouvement de répugnance et d'horreur à la dernière entre-
vue d'Adolphe et de Thérèse. On a beancoup dit contre ces
émotions voisines du dégoût; on ne saurait se lasser de les
condamner : l'impression produite n'est pas rare, mais il faut
savoir à quel prix on l'achète. Une pièce de vers, souvent
citée, résume dans ses quelques strophes le système de com-
position de Nodier dans ses romans. Aux plus gracieuses ima-
ges, succède un vers sombre qui termine la pièce et laisse le
lecteur sur des pensées de mort :

      Elle était bien jolie, au matin, sans atours,
      De son jardin naissant visitant les merveilles,
      Dans leur nid d'ambroisie épiant les abeilles,
      Et du parterre en fleurs suivant les longs détours.


      Elle était bien jolie, au bal de la soirée,
      Quand l'éclat desflambeauxilluminait son front
      Et que, de bleus saphirs ou de roses parée,
      De la danse folâtre elle menait le rond.


      Elle était bien jolie, à i'abri de son voile
      Qu'elle livrait flottant au souffle de la nuit,
      Quand pour la voir, de loin, nous étions là, sans bruit,
      Heureux de la connaître au refiel d'une étoile.