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khO ÉTATS-GÉNÉRAUX l K 1588. ) cer au roi une somme de cent-vingt mille écus (1), et c'est ce faible subside, dans lequel il entrait moins de générosité monarchique que de haine pour les Huguenots, qui épargna au souverain d'un des plus florissants royaumes de la terre, l'affront d'une banqueroute sans exemple encore dans nos annales. Henri promit à cette occasion de ne lever aucun impôt sans l'avis de ses Etals, et proposa môme d'établir, pour recevoir les deniers publics, une cassette à deux clés dont i! aurait l'une et les Etats une autre. Il consentit aussi que les officiers chargés de la distribution des fonds avancés fussent nommés par l'assemblée. Les partisans du duc de Guise célébrèrent avec de grandes démonstrations d'enthou- siasme ces humiliantes concessions de la couronne ; on al- luma des feux de joie, on mit les cloches en branle, on chanta des Te Dsum (2), on adressa au roi d'ironiques félici- tations, et l'on eut grand soin surtout de présenter cet avantage comme un triomphe remporté par le duc en fa- veur du pauvre peuple, depuis si longtemps accablé d'im- pôts qui ne servaient qu'à entretenir le luxe et les débau- ches de la cour. « Les affaires s'en allèrent en de si péril- leux termes pour le roi, dit un auteur contemporain, que sa majesté demeurait dépouillée de son autorité et sa per- sonne réduite à une espèce de tutelle et peut-être de hon- ( i ) Histoire de Henri lll, par Vnrillas. —--Journal de Bernard. (2) On jugera de l'éloquence sacrée du temps par un trait du sermon que prononça, dans l'une de ces solennités, le théologal de Sens. Après avoir librement formulé plusieurs reproches au roi sur le désordre des finances, il ajouta que S. M. ne tenait aucun compte des Etats, et qu'elle les traitait comme des assemblées d'oiseaux, puisqu'elle leur dépêchait un merle pour chanter, et un faucon pour leur donner des coups de bec. Allusion à MM. de Merle et de Faucon, (pie le roi avait plusieurs fois envoyés aux Etats en qualité de commissaires. Cette mauvaise pointe excita une hilarité universelle. ( J o u r - nal de Bernard )..