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                 ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1 5 8 8 .                 431

pouiller de quelques privilèges inhérents de temps immémo-
rial à la couronne. Quoique le roi ne fût point par lui-même
absolument opposé à la publication du concile de Trente, il
comprit sans peine l'étendue du piège que lui tendait son ad-
versaire, et il fit représenter aux Etats que l'importance de
cette mesure et les difficultés que les parlements avaient tou-
jours opposées à cette publication, exigeaient plus de pré-
caution et de ménagement. Il ajoute que comme celte affaire
concernait d'un côté la religion, de l'autre, les intérêts de
l'Etat et de la couronne, il lui semblait convenable que l'as-
semblée nommât des commissaires pour en conférer avec les
gens du parlement. Les Etats, déférant à cette invitation, dé-
signèrent Louis de St-Gelais de Lansac, qui avait été ambas-
sadeur de France au concile de Trente, et d'Espinac, arche-
vêque de Lyon. La plupart des évoques et des conseillers
d'Etat assistèrent à cette conférence, où les intérêts du roi
et des libertés de l'Eglise furent défendus avec beaucoup de
chaleur et d'habileté par le procureur-général de Laguesle
et par Despeisses, avocat-général au parlement de Paris.
   Despeisses examina d'abord en quoi consistaient les immu-
nités de l'Eglise gallicane, et démontra qu'elles n'avaient rien
d'abusif, rien d'exorbitant du droit commun dont elles of-
fraient, au contraire, l'expression fidèle ; qu'elles se rédui-
saient à ces deux maximes, savoir: que les papes n'exer-
çaient aucune juridiction civile sur les pays soumisà la couronne
de France, et que, quoiqu'on reconnût dans le royaume le
Souverain Ponlife pour chef de l'Eglise, on n'y avait jamais
admis l'usage de cette puissance absolue qu'il exerçait ailleurs,
et que les canons des anciens conciles y avaient sagement li-
mitée. Despeisses cita l'exemple du cardinal d'Amboise, qui,
revêtu, sous Louis XII, de la dignité de légat en France,
s'était soumis aux modifications que le parlement de Paris,
sur les remontrances de l'université, avait apportées à ses