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432                  KTATS-GKNÉRAUX DE 1 5 8 8 .

pouvoirs. Le cardinal Pierre de Gondi lui objecta brusque-
ment que toute cette argumentation ne reposait que sur des
subtilités, et que ceux qui tenaient ce langage ne faisaient
guère preuve de science en théologie. Despeisses répliqua qu'il
était tout prêt à avouer son ignorance, si le prélat qui l'in-
terrompait savait décliner son nom en latin d'après les règles
de la grammaire. Gondi garda le silence; mais l'archevêque
de Lyon essaya de le défendre en soutenant que les préten-
dues libertés de l'Eglise gallicane n'étaient « que des fictions
de quelques esprits paresseux et libertins, des chimères uni-
quement forgées pour saper l'autorité du Saint-Siège, quj
n'étaient plus adoptées que par des gens qui voulaient cacher
leurs erreurs et des sentiments équivoques en religion sous
les apparences d'un zèle spécieux pour les intérêts de l'Etat. »
Le magistrat, piqué par ces paroles, répondit qu'il avait tou-
jours fait profession ouverte de la véritable et de l'ancienne
religion; qu'il n'avait jamais donné lieu de faire soupçonner
le contraire, qu'il n'avait ni fréquenté les prêches des calvi-
nistes à Toulouse, ni assisté à leurs assemblées, ni communié
à leur cène : allusion fort directe à la conduite de d'Espinac
qui, dans sa jeunesse, s'était montré zélé partisan du cal-
vinisme. Ce reproche ayant également réduit le prélat au si-
 lence, Saint-Gilles Lansac éleva la voix à son tour, en faveur
 des actes du concile de Trente. Mais Despeisses produisit im-
 médiatement une lettre par laquelle l'orateur s'était plaint
 vivement à l'ambassadeur de France à Rome des abus du con-
 cile et de ses entreprises contre l'autorité royale. Cette mis-
 sive se terminait par ce trait fort piquant contre la papauté,
 que « le Saint-Esprit ne résidait point à Trente, mais qu'on
 l'apportait en poste toutes les semaines de Rome dans les actes
 du Concile (1). On s'échauffa de part et d'autre ; peu s'en fallut


  (i) Histoire de Henri III, par Varillas.