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DE PAtiL DIDIER. 351 lin-d'Àrves, petit village de la Maurienne , où ils s'arrêtèrent tous trois chez un aubergiste nommé Balmain. Didier était ha- rassé de fatigue ; il souffrait beaucoup de la blessure qu'il s'é- tait faite à la jambe; à peine entré chez Balmain, il se jeta sur un grabat et s'endormit. Plus habitués aux courses des monta- gnes, moins âgés que lui, Dussertet Durif restèrent au coin du feu avec l'aubergiste. Ce fut alors que Dussert et Durif firent connaître à Balmain quel était le vieillard arrivé avec eux et qui reposait en ce mo- ment. Ils dirent à Balmain qu'une forte somme d'argent avait été promise par la police française à celui qui livrerait Didier, ou ferait découvrir sa retraite. Que lui apprirent-ils après cela? quelle œuvre sans nom comme celle des sorcières de Macbeth fut accomplie entre ces trois hommes ; quel pacte inconnu fut conclu entre eux, nous ne savons ; mais, le lendemain, à l'aube du jour, Dussert, Durif et Balmain quit- taient furtivement l'auberge de Saint-Sorlin-d'Arves pour se diriger du côté de Saint-Jean de Maurienne, où se trouvait le poste le plus voisin de la gendarmerie piémontaise, les ca- rabiniers royaux. Pendant que ces choses se passaient dans les montagnes de la Savoie, un habitant de l'Oisans, Jean-Baptiste Sert, beau-frère de Dussert, se présentait, le 9 mai, à la préfec- ture de Grenoble ; là , après avoir déclaré que la retraite de Didier lui était parfaitement connue, cet homme s'offrit à livrer le proscrit, au prix de la grâce de Dussert, et de celle de son parent Durif. M. de Montlivault promit à l'instant même la grâce demandée, et remit à Sert un écrit, gage de sa parole; il s'engagea de plus à faire compter les vingt mille francs accordés par le ministre à celui qui livrerait Didier ; mais Sert refusa ; il ne voulait, disait-il, que la vie sauve pour ses parents: plus tard, cependant, le prix du sang de Didier lui fut compté; on saura à quelles conditions.