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114 CÔME, LE LAC ET SES BOKDS. grand physicien, l'inventeur de Yélectrophore et du condensa- teur électrique, esprit perspicace qui alla loin dans la déduc- tion des faits à l'aide de l'expérimentation. Ses grandes dé- couvertes lui valurent de grands honneurs européens ; sa patrie lui a élevé un tardif et modeste monument. Les marbres et les inscriptions antiques ne font pas défaut à Côme, malgré toutes les déprédations. On trouve, dans des maisons particulières, des tableaux de pinceaux illustres, des gravures d'Albert Durer, des portraits précieux, des éditions Aldines. L'Italie est toujours et partout pleine des nobles res- tes d'un passé savant et glorieux. L'hiver, la ville s'abrite et se lait au pied des montagnes qui l'entourent, au bord du lac qui l'inonde quelquefois. C'est la morte saison pour elle ; elle se fait alors ménagère ; elle veille à son commerce ; elle fait mouvoir ses métiers à tisser la soie ; elle vaque à ses besognes d'intérieur ; mais vient enfin la belle saison, et la villégiatura en fait une ville pleine d'animation et de doux nonchaloir. Les étrangers envahissent ses hôtels jusque sous les toits ; son joli théâtre se remplit de femmes élégantes ; dans ses rues se croisent des équipages aristocratiques, et on voit, amarrées au port, des barques joyeuses et parées, avec leurs rameurs, véritables lakistes , ceux-là , toujours prompts à la rame. Il y avait jadis un bateau à vapeur, qui se promenait en roi sur ces ondes, qui s'appelait le Vêloce et justifiait peu son nom. Un autre est venu troubler son domaine : avec un salon plus vaste et plus élégant, avec une machine plus puissante, il part après, arrive avant, choisit parmi les voyageurs et jette en pas- sant sa fumée à son rival. Mais l'autre se défend; il hausse son pavillon et baisse ses prix, le traître ! il se fait bateau- omnibus et laisse à son brillant adversaire les Anglais et tous les touristes cosmopolites, qui paient cher en été, mais dis- paraissent en hiver. Lequel des deux est le plus sage? lequel