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DANS LE DRAME. 55 du drame, et dont l'absence nous paraît si grave, qu'elle ôte toute valeur aux conclusions. Mais, me dira-t-on, M. St-Marc Girardin n'a-t-il pas jugé le système en jugeant les œuvres? Non, vraiment. Si le XVIIe siècle avait apprécié le novum or- ganum de Bacon sur les applications qu'il en a faites, le nom de ce grand homme fut-il devenu si vîte immortel? Et, sans nous arrêter ici sur l'incertitude des jugements contemporains, toute la littérature dramatique de nos jours est-elle bien re- présentée dans le livre de M. Girardin pour qu'il ait pu tirer cette conclusion que l'art moderne allait en décadence? « N'a- t-il pas fait plutôt le procès, sommairement instruit, d'un seul homme? » S'il y a le lyrisme et le drame de Hugo, il y a aussi le lyrisme de Lamartine et le roman de G. Sand. Or, sur G. Sand M. Girardin a dit un mot seulement, et je ne le trouve pas heureux. Cette observation est grave: c'est la moitié de notre littérature dramatique oubliée. Voilà deux péchés d'omission qui doivent peser un peu sur la cons- cience d'un critique. Oui, il y a eu un excès dans les tentatives de l'école mo- derne, le drame a souvent dégénéré en mélodrame et, en mauvais mélodrame. La cause en est aux choses humai- nes : les réactions sont toujours violentes. Mais de nou- veaux éléments, ignorés du théâtre classique, ont été intro- duits dans le drame moderne. Cette source nouvelle d'émo- tions vives et vraies a peut-être été exploitée avec une ardeur imprudente, nous le voulons, mais sa découverte est un progrès, un immense progrès qui rend impossible le succès des imitations de nos grandsclassiques. Ce sont des discussions sur ces choses que nous aurions désiré trouver dans le livre de M. Girardin ; il les aurait certainement éclairées, en les abordant. Il ne l'a pas fait et le cercle de ses observations ayant été insuffisant, le reste ne suffit pas pour nous amener