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5(i VKS PASSIONS à partager ses sentiments sur l'avenir de la littérature mo- derne. Je l'avoue, un livre qui arrive avec ces paroles : L'art s'en va; la vérité n'est plus; la beauté n'a plus d'ames dont elle fasse ses asiles ; dès l'abord , ce livre ne m'est point sympa- thique. N'essayez pas de nous enlever notre dernière religion, la seule des gens de conscience qui en ont encore une : la foi au progrès. Pour moi, c'est un axiome contre lequel se bri- sent les théories qui le nient. M. Girardin a trop conscience des tendances de son temps, pour n'avoir pas compris cela ; aussi voyez, pour ne pas heurter l'opinion à cet égard, voyez à quel étrange paradoxe il est arrivé : vous savez que s'il est une vérité banale, s'il est une métaphore, c'est celle-ci : la littérature est le miroir de la société. Eh! bien, M. Girardin, dans quelques pages, à la fin de son livre, entreprend de ren- verser ce vieil adage. Est-ce amour du paradoxe? non, mais il ne pouvait échapper autrement à la plus désolante conclusion. En effet, depuis Athènes jusqu'à nous, la littérature dramatique a été explorée et nous sommes condamnés, non pas à une de ces infériorités qui portent sur le détail, sur la forme, mais à une infériorité radicale, qui tient à une véritable dépravation des âmes. Ce résultat est inacceptable, vous le concevez ; M. Saint-Marc Girardin le sent, alors, que fait-il ? Il nie que celte littérature représente l'état des esprits. Et quelles preuves en donne-t-il, je vous prie? c'est que les hommes de nos jours ne mettent pas sur le champ à exécution tout ce qu'ils trou- vent dans les drames et les romans. Est-ce bien M. Girar- din qui se contente de semblables raisons ? Si on trouvait cela dans un de ces feuilletons mort-nés, jetés au bas des jour- naux pour aider à la digestion des Premiers-Paris, on ne s'en étonnerait point Parvosparva décent, mais ici, dans un livre, c'est autre chose. Quoi ! M. Saint-Marc Girardin ne sait-il pas que les livres représentent bien moins les actions que