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                       DANS LE DRAME.                        49

de longs discours, l'auriez-vous trouvée naturelle? Iphigénie
plaide devant un juge, et ce juge est un père. Catarina se
débat entre les mains de la mort. Les situations différentes,
les sentiments doivent l'être et le parallèle est impossible.
    Mais, peut-être, on m'objectera que le poète fait ses situa-
tions , qu'il doit repousser celles qui sont horribles. Il y
aurait beaucoup à répondre à cette observation : d'ailleurs,
elle ne justifie point le parallèle. Cependant, passons sur tout
cela. Qu'importe le chemin suivi, si l'on est arrivé à la
vérité ! Pénétrons donc plus au fond. Je l'accorde, ce
qui se révèle dans le personnage de Catarina, c'est l'instinct
de la vie, l'horreur matérielle, si je puis ainsi parler, de la
mort        En faut-il conclure, avec M. St. Marc Girardin, que
 notre théâtre, que notre littérature sont frappés de déca-
 dence? Oui, si nous nous tenons à la surface, si nous jugeons
 de toute une école par trois ou quatre scènes d'un drame ;
 mais, si avant de conclure aussi hardiment, nous nous arrê-
 tons un peu à étudier les tendances générales du théâtre et de
 la littérature, peut-être arriverons-nous à un résultat préci-
 sément tout opposé.
     C'est ici que la lacune, laissée par MJGirardin, se fait sen-
 tir ; c'est ici que sans doute il aurait changé d'opinion, s'i*
  avait considéré d'un peu plus haut les voies nouvelles du
  théâtre.
     Il y a deux choses que l'art poursuit incessamment: la vé-
  rité et la beauté. L'art au théâtre , c'est la vérité et la
  beauté dans la nature humaine. Or, les artistes peuvent son-
  ger à atteindre l'une où l'autre, rechercher dans leurs œuvres
  le vrai ou le beau, non pas exclusivement mais principalement.
  La philosophie, les arts, furent pleins, à Athènes, de cet
  amour de la beauté devenu une idolâtrie. La beauté fut
  donc le but du théâtre comme de tout le reste. Ce senti-
   ment du beati que Platon appelait un saint délire, échu seu-