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DANS LE DRAME. 'l ) cette description, il fait arriver celle de la tempête qui assaille les Apôtres, dans le XXVIIe livre des Actes. En vérité, je cherche pourquoi M. St-Marc Girardin est allé prendre celle tempête des Actes, qui ne me semble rien offrir de remarqua- ble, et reste, de toutes façons, à une distance énorme de celle d'Homère. Peut-être était-ce pour écrire ces phrases? « Remarquons d'abord que, dans cette tempête, comme dans celle d'Ulysse, l'homme aussi est toujours en scène. Mais en- tre Ulysse et saint Paul, quelle différence! l'un qui ne déses- père jamais, quoiqu'il ne se résigne jamais non plus, et qui n'est soutenu dans sa lutte contre le danger que par l'amour de la vie, sentiment qui donne plus de patience que de di- gnité ; l'autre qui, dans un vaisseau battu par les flots, n'a pas l'air de s'occuper de l'orage, sinon pour s'occuper de ses compagnons, et qui leur dit d'un ton assuré qu'ils ne per- dront pas un cheveu de leur tête. L'ange de Dieu Je lui a dit, et son Dieu ne trompe pas. Ulysse hésite, quand Leucothoe' lui conseille de quitter son vaisseau et de se jeter dans les flots: peut-être est-ce une ruse d'un Dieu ennemi? Mais le Dieu que sert saint Paul n'a point de ruses, et ses paroles n'inspirent point l'hésitation ; elles affermissent le cœur de l'homme, elles lui donnent l'oubli de l'orage et de ses fureurs. » Ces réflexions sont respectables et il est bien d'avoir célébré la supériorité du Dieu de saint Paul sur la déesse Leucothoe : cependant on pourrait faire remarquer à M. Girardin que Leucothoe, s'étant présentée sous la forme d'un oiseau, Ulysse ne l'a point reconnue, tandis que saint Paul est bien sûr d'avoir vu en songe un ange de Dieu. Ulysse craint que ce ne soit une divinité infernale ou, comme nous di- rions, un démon qui lui a parlé. Ce n'est point par un scep- ticisme voltairien qu'il hésite à croire Leucothoe, mais seu- lement parce qu'il n'est pas assuré de sa qualité de déesse. Après cette réhabilitation de la piété d'Ulysse, continuons,