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r
    lt)                  DES PASSIONS

sans nous arrêter à une observation dont nous ne nous exa-
gérons pas la valeur littéraire. Tant que M. Girardin s'en
est tenu à l'art antique ou aux imitations qui en ont été fai-
tes, le parallèle a dû sembler quelquefois forcé ou étrange ;
cependant on n'osait encore se refuser tout-à-fait aux con-
clusions de l'auteur. Mais il n'en est plus de même quand
V. Hugo se trouve rapproché de Racine, de Shakespear, de So-
phocle, comme s'ils avaient tous suivi la même règle, appar-
tenu au même système. Ici il y avait plus à faire, il ne fal-
lait pas avoir l'air de n'avoir jamais entendu parler de la
querelle entre le théâtre ancien et le théâtre moderne, et, si
la division adoptée d'une étude séparée de chaque sentiment
s'opposait à l'introduction de cette question, il fallait changer
son plan ; car, en dépit de tout, le problême subsiste, la cause
du drame et de la tragédie est encore pendante, et qui la
fera gagner ou perdre, si les hommes comme M. Girardin
dédaignent d'en parler?
   Mais quoi! me dira-t-on, la nature de l'homme n'est-elle
pas la même en tous temps et en tous lieux, et, un sentiment
étant donné, ne devons-nous pas accorder la supériorité à
l'auteur qui l'aura peint avec le plus de vérité, sans distinction
d'époques ni de systèmes? Sans doute, l'homme moral ne
change point avec les systèmes, c'est un axiome dont je ne
veux pas m'éloigner. Mais il est également vrai que le visage
de l'homme, sa conformation, sa nature extérieure enfin, ont
toujours été les mômes ; pourtant, si, exallant le dessin pur
et irréprochable de l'école de Rome, je rapprochais de ses
productions les œuvres de l'école vénitenne pour les condam-
ner comme fort inférieures, je serais accusé de ne pas tenir
compte de l'admirable coloris de celte dernière. C'est à ce
genre d'erreur qu'on est exposé, en comparant sans préam-
bule une scène d'un drame moderne avec une scène d'une
tragédie antique; c'est ne regarder qu'un coin d'une œuvre ;