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212 M. GUY-MARIE DEPLACE. Une fois rendu à la vie civile, M. Déplace essaya du com- merce, mais sans y apporter plus de goût qu'il n'en avait eu pour la vie militaire. Il entra donc avec l'ardeur d'une ame énergique et d'une forte intelligence dans le vaste champ de la philosophie, de l'histoire, de la liltérature, et embrassa la difficile carrière de l'enseignement, qui lui parut être le plus impérieux besoin de cette époque de désorganisation sociale. Riche qu'il était de ses ressources naturelles et de ses ressources acquises, fort de l'irrésistible empire de ses convictions, cet homme, à lui seul, pendant l'espace de trente ans, forma dans le silence de son cabinet plus de disciples distingués par leur savoir, leurs talents et leurs vertus, que n'en produisirent, pendant la même période, bon nombre d'établissements remarquables. Les hommes distingués qui mirent à profit ses leçons, et qui lui vouèrent une affectueuse déférence, pourraient seuls nous dire l'étendue, la variété de ses connaissances, son habileté à les rendre accessibles, et mieux encore cet amour inné du vrai, du beau et du bien qui respirait dans tout son langage, comme il se traduisait natu- rellement dans sa conduite. L'admirable alliance que celle du savoir et de la modestie ! Ce fut elle qui assura contre les orages de l'ambition et pré- serva des pièges de l'orgueil la vie de cet homme si élevé par l'intelligence, si humble par sa foi chrétienne. L'enflure de l'esprit gagne bientôt le cœur. Seules donc la simplicité, la soumission raisonnée du vrai savoir, retiennent l'homme à sa place, et peuvent étouffer les rivalités et les luttes qui fatiguent la société. Seules aussi elles ont valu à M. Déplace l'inappréciable bonheur de mourir en paix avec Dieu et avec les hommes. Il vécut dans l'intimité de M. le duc Matthieu de Montmo- reney* qui résidait à Lyon avant 1813. Ballanche, alors im- primeur dans la même ville, réunissait dans son salon des