page suivante »
sec local; remplacez l'amour du gain par l'amour de l'art; ne criez pas à l'impossible, tentez cette rénovation, le temps l'achèvera. Les uns y viendront par sentiment, les autres par amour-propre. Quel souscripteur intelligent ne consen- tirait à perdre, dans un pareil but, l'éventualité d'un lot ? Nous l'avons déjà dit, et nous le redirons encore : toute association doit satisfaire un intérêt général et non l'intérêt de quelques-uns ; elle doit entreprendre ce que ne peuvent accomplir les hommes isolés. Acheter de petits tableaux que la plus humble fortune peut se donner, ce n'est pas là encourager l'art ; c'est, au contraire, l'appauvrir, en poussant l'artiste à une trop grande production ; c'est le plus souvent favoriser la médiocrité et entretenir dans une voie qui n'est pas la leur une foule de jeunes gens sans talent et sans avenir. Ceux qu'il faut aider, proléger, ce sont les artistes qui se vouent à des travaux consciencieux, à de graves études; les œuvres qu'il faut acquérir, ce sont ces grandes toiles devant lesquelles l'artiste n'a pas reculé, lors môme qu'il était assuré de ne point leur trouver de Mécène. Si, depuis l'organisation de la Société, les œuvios disséminées par la voie du sort, perdues pour tous au proiit d'un seul, avaient été réunies, elles formeraient aujourd'hui un musée, honneur de notre cité et des citoyens auxquels elle le devrait. De toutes nos expositions, que restera-t-il? Rien. On n'aura servi ni la cause de l'art ni celle des artistes. Populariser la peinture par des expositions, c'est bien quel- que chose, mais ce n'est pas assez pour développer le talent, pour le féconder en un mot. Puissent nos réflexions être en- tendues, et, éveillant de nobles et grandes sympathies, trou- ver un jour leur réalisation ! Si notre vœu est une utopie, c'est une utopie généreuse. P. S. MM. Lavcrgiic el Cinier ont envoyé, l'un de belles et bonnes copies de ta;,:oaux de grands maîtres, et l'aulre des paysages dans lesquels il soutien! dignement sa réputation.