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478 aux tuyaux flexibles de velours brodés d'or et de perles. On sait que, dans cet instrument, la fumée d'un toutoun (1) choisi traverse de l'eau de roses pour arriver à la bouche du fu- meur. Le caractère sensé et profond de la race sémitique se révèle dans ces raffinements de la pipe qui paraissent étran- ges à quelques-uns de nous, mais qui séparent d'une ma- nière franche et précise l'Oriental à l'esprit poétique et rêveur, des Occidentaux au génie matériel et prosaïque. Son juge- ment exquis en a fait le délassement de toutes les heures, le maintien le plus pittoresque; une arme contre les inconvénients du repos, un amusement et un palliatif pour les goûts sen- suels et les instincts profonds de la volupté que les climats brûlants fontéclore. Les peuples de l'ïnde qui nomment la nicotiane Tumbuc- co (2), emploient pour la fumer les mêmes moyens que les Turcs ; et les Birmans, qui ont reconnu l'excellence de leurs procédés, joignent au cigare des houkas qui ne varient du chibouk que par des détails de matière ou d'ornementation. Leurs pipes se composent en général d'un bambou de 5 ou 6 pieds de longueur, dont l'extrémité est en or. Le fourneauest de terre entourée d'ornements d'argent; le tabac se présente en feuilles sans apprêt ; on le divise en petits morceaux que l'on allume avec un charbon, etc(3). Ce sont toujours, on le voit, les peuples les plus graves et les plus sages qui ont adopté le tabac avec le plus d'en- thousiasme, et qui ont apporté le plus de luxe et de perfec- tion dans son usage. Un des grands arguments de M. Montain contre le tabac, e'est que la plante qui le fournit est un poison pour le physi- que comme pour le moral. (1) Nom du tabac en Turquie. — Michaud. (2) Voyage dans l'Inde, par l'évéque Réginald Héber. II 306. (3) Voyage du capitaine W- Coxe dans l'empire des Birmans. II. 181.