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477 consistance morale ou intellectuelle des petits royaumes (pe tits par la population, cela va sans dire ), ou des démocra- ties qui les composent, explique aisément ce phénomène. Mais là , du moins, on se rattrape par la quantité. La seule manufacture de tabac delà province de Guanaxuato emploie sept cent vingt ouvriers, et use chaque jour pour la confec- tion des seuls cigaros 145 mains de papier (1). Tout le monde connaît la beauté physique et l'étonnante intelligence de la race indigène qui peuplait autrefois les Etats-Unis; on sait aussi que les nombreuses nations de Peaux- rouges sont aujourd'hui réduites à un petit nombre de grou- pes traqués par les défricheurs; eh ! bien, c'est parmiles restes de ces malheureux Américains, chez les Indiens Pieds-Noirs et Corbeaux, dont j'ai vu quelques individus à Londres dans le bel établissement de M. Cattlin, que j'ai rencontré le plus de vénération pour le pétun, et le plus d'industrie dans l'art de décorer les pipes. Rien de plus élégant, rien de plus soi- gné que ces instruments de roche, moitié hache, moitié ca- lumet, qui sont une des principales curiosités du musée North- American. Le bon goût des ornements et la patience des dé- tails y trahissent un amour concentré du sol et des vieilles institutions indiennes, que les invasions de l'Europe ne dé- truiront que par l'extermination totale des indigènes. Mais c'est dans l'Orient surtout que le tabac a quitté rapi- dement l'état de moyen de distraction ou de maintien, pour devenir un objet de première nécessité; et pour acquérir les améliorations les plus inattendues; là , il s'est identifié avec l'homme même. Le Mahométan sans la pipe est un être in- connu, j'ajouterai, impossible. J'ai déjà dit qu'on lui devait les transformations par lesquelles le calumet virginien a pas- sé pour devenir ce brillant narghilé de cristal ou d'argent, (1) Schoelclier.