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laées à mille thalers, plus de 3,000 francs. Enfin, les Alle-
mands emploient, depuis quelques années, la pipe de porce-
laine. Cette espèce qui est susceptible de la plus grande sim-
plicité, comme du luxe le plus effréné, paraît devoir sup-
planter chez eux les autres. La nation tudesque se dépeint
tout entière dans son goût pour le tabac. Loin de le traiter
 avec l'insouciance française, loin de le regarder comme un
hors-d'Å“uvre, elle s'en est fait un besoin, un ami; elle le
met sur le même rang que ses arts et sa philosophie; elle le
prépare avec respect, le fume à ses heures, gravement, en
connaissance de cause, et n'altère jamais par des occupations
étrangères le charme qu'elle trouve dans cette affaire impor-
tante. L'Allemagne fume pour fumer, et non point faute d'au-
tre chose. La pipe s'y donne en étrennes au frère par sa sœur,
à l'amant par sa fiancée; la pipe y est un moyen de réconci-
liation, de séduction; dans l'Orient, ce n'est qu'un meuble; en
Allemagne, elle est de la famille. Une remarque qui ne me
paraît pas à dédaigner, c'est que la race slave n'y a pas mis
 autant d'importance que la race teutonne.
   La Belgique, la Hollande, l'Angleterre, le Danemarck, com-
me toutes les nations commerçantes et industrielles, em-
 ploient peu les pipes volumineuses. Le premier de ces états
 se distingue par l'admirable fabrique de ses pipes de terre.
L'Irlandais fume et prise une abominable drogue; en Ecosse,
 on fume peu, si ce n'est dans les ports: en Angleterre, on
 ne voit guère maintenant que le cigare aux lèvres aristocrati-
 ques, et l'ancienne pipe flamande dans les maisons de gin
 et les estaminets. En somme, le peuple britannique m'a paru
 consommer beaucoup moins de tabac que je ne m'y étais at-
 tendu; aussi a-t-il perdu considérablement dans mon opinion.
    Si j'excepte les Etats-Unis, où l'on fume de toutes les ma-
 nières, les Amériques paraissent avoir adopté presque exclu-
 sivement le cigare (puro) et la cigarette [cigaro). Le peu de