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  1559, on cultivait déjà le tabac dans le Portugal, et une chose
  digne, selon moi, d'un grand intérêt, c'est la diversité de sa
  marche dans les différentes parties de l'ancien monde. Pour
  commencer par l'Orient, nous remarquerons que le tabac fut
  transplanté dans les établissements que les Portugais possé-
 daient aux Indes. En 1601, la dernière année du règne de Pa-
 nanbaham, empereur de Matarem, l'usage de fumer le tabac
 s'introduisait à Java. Quelques années plus tard, il se répan-
 dait dans tout le midi de l'Asie. Du temps de Chardin, les
 femmes persanes n'avaient guère, non plus qu'aujourd'hui,
 d'autre passe-temps que de fumer, et elles se le procuraient,
 dit-il, tout le long du jour (1). Le tabac réussit parfaitement
 dans toutes ces contrées, mais particulièrement encore à Java,
 Maïndanao, Luçon, Négros, Célèbes, et autres îles delà Ma-
 laisie, où il est un objet d'exportation; dans la province de
 Kadou, île de Java, il s'élève ordinairement à la hauteur de
 8 ou 10 pieds. Pendant que le tabac pénétrait aux Indes et
jusqu'en Chine, par l'entremise des Européens, grâce à eux
 aussi, il se frayait un chemin en Turquie. Henri III régnait en
France, lorsque deux négociants de ce royaume en semèrent
les premiers plants aux environs de Thessalonique; de là, il
n£ tarda pas à être transporté sur la rive gauche de VAxius


fort bien peint de l'histoire du tabac, mais cette rapide et brillante
histoire ne change rien à la nature de la question; j'aurais pu éten-
dre aussi la partie historique, moins élégamment peut-être, mais
mon but principal était d'éclairer mes contemporains sur l'abus
du tabac; je ne trouve donc rien à réfuter dans tout ce savant ar-
ticle, jusqu'aux vers burlesques du Café borgne de Laplante, où la
bonne société se rendait pour fumer et vivre d'espérance. Nos fu-
meurs du bon ton ne se laisseront pas tenter par l'exemple.
                                                   G. M.
  (1) Chardin, Voyage en Perse.