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ou Vardar (1). En vain son adoption contrariait-elle les vues
des zélés sectateurs du Coran, en vain Amurat IV faisait-il
étrangler ceux de ses sujets que l'on surprenait à fumer, et
faisait-il exposer leurs têtes à côté de la pipe maudite, le
tabac ne perdit point ses partisans. Non seulement la foule
immense des Musulmans, qui s'était pliée à l'abstinence du
vin et de certains autres objets défendus par Mahomet, ne
voulait pas voir dans les anathèmes du prophète rien qui s'ap-
pliquât à la plante nouvelle, mais elle en propageait la cultu-
re avec une sorte de fureur, et se livrait à son usage avec le
fanatisme qu'elle apporte ordinairement dans toutes ses pas-
sions. Un autre fanatisme, aussi commun dans l'Orient que
dans l'Occident, celui des persécutions, renouvelait de règne
en règne ses tentatives ; mais toutes restaient vaines. Enfin,
dit M. Michaud (2), le sièle présent, avec le sultan Mahmoud
 lui-même a lancé une sentence d'interdiction contre la fu-
 mée odorante, et son arrêt n'a pu être exécuté. Le puissant
 empereur des Osmanlis a triomphé des Janissaires, mais la
 pipe lui a résisté.
    Les personnes qui ne comprennent pas, ou qui nient les
agréments du tabac, ne trouveront-elles pas un argument ir-
résistible en sa faveur dans cet enthousiasme des orientaux
pour lui ? A peine avait-il paru sur l'ancien continent, que
l'Orient se l'appropriait, le modifiait, l'améliorait, créait
pour lui des ustensiles nouveaux, changeait ses coutumes ,
établissait de nouvelles lois, bravait le despotisme et même
 l'opinion, celte souveraine del'Asie(3).Pour son tabac, l'Orien-
tal cultive assiduement la terre, ce qu'il ne fait pas même pour
son pain ; il souffle le cristal du narghilé, pétrit l'argile, fa-

  (1) Pouqueville, Voyage en Grèce.
  (2) Voyage en Orient. II. 198.
  (5) Ch. Linné, De homine.