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467 succombé. Un coup d'œil rapide et impartial, jeté sur son his- toire depuis son entrée dans l'Europe, va nous prouver qu'il n'a dû ses succès qu'à lui seul, et qu'il a dépassé glorieuse- ment les protections, comme il a triomphé des haines. Pour peu qu'on le désirât, on pourrait facilement'trouver au tabac une origine héroïque. Les Sybarites qui, comme chacun sait, passaient leur temps à redresser les plis des feuil- les de roses sur lesquelles ils étaient couchés, durent s'en- nuyer prodigieusement et bâiller à se briser les mâchoires. Le spirituel auteur de la Physiologie du Fumeur leur aurait conseillé de fumer pour se distraire ces mômes feuilles en guise de tabac, puisque le tabac n'existait pas encore. Je crois qu'ils auraient pu trouver une récréation moins insipide; ils n'avaient qu'à imiter les Scythes, leurs contemporains, qui s'enivraient de la fuméede certaines plantes vireuses (1). Rien ne nous empêche de supposer que celles-ci étaient, comme le tabac, de la grande famille des solanées, et l'on voit qu'à l'aide d'une semblable induction, j'aurais le droit de préten- dre que l'origine de la pipe se perd dans la nuit des temps. Bien des savants en us ont bâti d'énormes in-folios sur des systèmes moins plausibles. Mais je renonce, pour être plus bref, à cette thèse aussi intéressante que facile à soutenir, et je me contente de désigner le milieu du seizième siècle com- me l'époque de l'introduction du tabac en Europe. L'opinion commune est que Hernandès de Tolède l'importa du Yucatan, et que notre ambassadeur Nicot en offrit les premiers plants à la France vers 1560, et non pas en 1604, selon M. Montain(F). Ce qu'il y a de certain, c'estque, en (1) Pouqucville, Voyage en Gi-iee. (F) Vous ne serez pas assez sévère pour ne pas excuser une faute de typographie. Faites attention que j'ai dit près de deux siècles. et non pas plus de deux siècles, etc. Vous présentez un tableau