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âe l'Allemagne et de l'Espagne, la totalité de l'Afrique, de la
Turquie, de l'Orient, et les Amériques presque entières. Trou-
vez-vous que ce soit trop dire ? Me trompé-je à mon avanta-
ge d'un quart, d'un tiers, de la moitié? Eh! bien, j'admets
une exagération des trois quarts; comptez vos hommes, vous
verrez que le tabac conserve encore plus de partisans que le
pain (D).
   On ne s'était pas douté, dites-vous, qu'il fût possible de
trouver quelque plaisir dans le tabac ! Qu'en savez-vous? Et
d'ailleurs, en trouvait-on, par exemple, dans les liqueurs al-
kooliques, avant qu'elles existassent ? S'imaginait-on qu'un
feu liquide, un poison bien autrement dangereux que le tabac
pût être une boisson agréable , et devenir pour tant de gens
l'objet d'un besoin journalier? A-t-on jamais prévu les goûts
et les usages que font naître les nouvelles découvertes ? La
fumée du tabac ne peut-elle pas être assimilée à tous les
parfums possibles dont les meilleurs ont toujours eu leurs
détracteurs ?
   Et d'abord, êtes-vous fumeur ? avez-vous jamais, dans un
moment de paresse ou d'ennui, savouré en entier un vieux
cigare de la Havane, un chibouk bourré de Latakié, un bout
de Manille, un narghilé opiacé, et surtout un délicieux brûle-

   (D) Je vous remercie de ce passage, Je l'adopte; et c'est une arme
nouvelle pour défendre mon opinion. Oui, le nombre des fumeurs
«st grand, mais la quantité des pécheurs diminue-t-elle la gravité
du péché? Aussi, dis-je que cette habitude étend son empire sur
toutes les régions du globe; ce qui ne prouve ni son innocence, ni
ses vertus. Et, comme vous le dites, elle conserve, pour certaines
«lasses, plus de partisans que le pain. C'est pour cette raison que
l'on voit tant de pauvres travailleurs oublier en fumant qu'il faut du
pain pour vivre; il en est même qui l'oublient pour leurs femmes
«t leurs enfants.
                                                     G. M.
                                                           Su