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463 lés tabacos (1). — Les Peaux-Rouges le fumaient dans leurs calumets. » — Un vieux voyageur français, le père Yves d'E- vreux, qui voyageait comme missionnaire sur les rives du Maranon, parle du pétun que humaient les naturels. — Enfin, Lopèsde Gomara, cité par Montesquieu (2), dit que les Es- pagnols fondaient le droit qui rendait les Américains leurs es- claves, sur ce qu'ils usaient d'une nourriture inusitée en E u - rope, fumaient du tabac, etc. Vous voyez donc bien, M. le docteur, que cette plante n'était ni dédaignée ni inconnue. (B) « Jusqu'alors, continue M. Montain, on ne s'était pas douté qu'il fût possible de trouver une sorte de plaisir à respirer une vapeur acre et stupéfiante, ou à se remplir les fosses na- sales d'une poudre irritante. L'Europe était vierge de ces habitudes anormales.... Le premier de ces usages nous a été suggéré par l'ignorance et la barbarie, le second est né au milieu de la civilisation. » Eh ! quoi, M. le docteur, vous qui possédez une érudition vaste et solide, vous osez prétendre que l'Europe était vierge d'habitudes anormales (C) ! Elle ne l'était pas plus alors qu'au- (,1) Ibid, III. 339. (2) Esprit des lois. XV, chap. 3. (B) Sur ce point je persiste à affirmer que le tabac n'a pas été connu avant l'ermite que j'ai cité, c'est-à -dire au commencement du XVIe siècle, et qu'il n'a été usité par les Américains que dans le XVIIe. C'est là l'opinion de M. de Humbold. G. M. (C) Je n'ai pas dit que l'Europe était vierge d'habitudes anormales, j'ai avancé seulement qu'elle était vierge de l'ha- bitude de priser et de fumer. Je sais très bien que, de tout temps, les peuples ont eu des appétits et des plaisirs dépravés, parmi lesquels je prends la liberté de placer celui de humer les vapeurs du tabac, sous toutes les formes possibles, même l'assa fœtida, que l'on a tour à tour décorée des titres de blandium deo-