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422 en effet, qui n'eût-elle pas ennuyé ? quelque chose qu'il écrivît, soit en prose, soit en vers, toujours il était à la recherche des pointes d'esprit. Boissal, quand il avait tout lu ce qu'écrivait le P. Labbé, s'indignait de n'y rien trouver qui en valût la peine, rien que des pointes, et plusieurs encore bien émoussées. Le P. Labbé semblait écrire pour plaire à des enfants, et pour donner la nausée à des hommes instruits et raisonnables. Ce vieillard se plaisait à de puériles arguties ; s'il fallait dire quelque chose avec gravité, il le disait avec subtilité, il philo- sophait encore avec subtilité. Il appelait lumière ce qui n'était pas même une étincelle. Il garda pourtant jusqu'à l'extrême vieillesse ce genre d'esprit, et mit de l'enfant dans le vieillard. Boissat avait accoutumé, par raillerie, de lui donner plaisam- ment le ridicule nom de Père pointu, et celui-ci ne se fâchait pas de ce bon mot, car il y avait dans Labbé une douceur qui ne connaissait pas la colère, et une modération qui était bien au-dessus d'une injure (1). Dans une biographie qui accompagne celle de Boissat (2), et qui fut imprimée la même année, Chorier nous donne quelques détails encore sur des Lyonnais; ainsi nous appre- nons de lui, que Jacob Spon fut aidé par Boissieu, dans une dissertation sur les Dieux inconnus (3), et une page plus loin se trouvent des particularités sur Sylvestre Dufour. « Peu de temps après, dit Chorier, le dessein où était Du- four de poursuivre un procès, l'amena à Grenoble. Il me pria vivement de le mettre en rapport d'amitié avec Boissieu et de Sainl-Firmins. Il savait que les lettres n'avaient pas de (1) Pag. 215-259. Chorier parle encore de deux éloges que prononça le P. Labbé, celui de Legoux de la Berchère, premier président au parlement de Grenoble, et celui de Rabot de Buffîère, avocat général au même par- lement. Yoy. pag. 148 et 1S2. (2) De Dionysii Sahaqniï Boessii Vita. Vie de Denys Salvaing de Boissieu. (3) De ignolis Diis Jacobus Sponius, doctissimus juvenis, commeiilalionem, hoc lempoie, exquisitam et doclatn in lucem mittebat. Quo plenior exiret, symbolum quoque Boessius de suo contulit. Pag. 89.